mercredi 2 mai 2012

L'art du snapshot


De plus en plus petit, de plus en plus léger, l'appareil photo est aujourd'hui devenu un accessoire incontournable de notre vie quotidienne. En moins de deux décennies, il est devenu l'un des plus importants vecteurs de communication de notre monde, 2,5 milliards d'habitants en possèdent un en 2011 .



Qu'est ce que le snapshot?

En langage courant, un snapshot est une photo amateur, c'est à dire une image qui peut être faite par n'importe qui. Pourtant dans l'histoire de la photographie, le snapshot désigne un mouvement artistique bien particulier.

L'art du snapshot est né de cette volonté de remettre en cause le classicisme de la photographie traditionnelle (ce que l'on appellait la Straight photography ou photographie pure) et la beauté conventionnelle en privilégiant une esthétique du banal et du quotidien.  Avec le snapshot ou lifestyle, on est dans le jaillissement, le surgissement, la spontanéité. Le mot snapshot était d'ailleurs à l'origine un terme américain utilisé par les chasseurs qui signifiait "tirer sans prévenir".

Il est communément admis que l'esthétique du snapshot commença à se développer dans les années 60, 70 avec les photographes Robert Frank (1924), Garry Winogrand (1928) et Lee Friendlander (1934) qui eux même ont été inspiré par Harry Callahan (1912) et Louis Faurer (1916). Cependant, on se doit de noter que son origine est un peu plus ancienne (voir plus bas avec Lartigue).



 © Robert Frank

 © Robert Frank

© Robert Frank

© Robert Frank

© Robert Frank

© Robert Frank

© Robert Frank

© Garry Winogrand

© Garry Winogrand
© Garry Winogrand

© Garry Winogrand

© Garry Winogrand

© Garry Winogrand

© Garry Winogrand

© Garry Winogrand

© Garry Winogrand

© Lee Friedlander

© Lee Friedlander


En effet dès 1900, le photographe français Jacques-Henri Lartigue fut le premier à avoir cette vision de la photographie et à l'arborer comme un style. Dès l'enfance,  il privilégie l'instant, l'instable, l'imprévu, l'inattendu. Cette idée d'instantanéité s'appliquait aux situations, aux mouvements, aux expressions ou encore à des instants et des rencontres qui auraient été  passées inaperçus pour le commun des mortels.

© Jacques-Henri Lartigue

© Jacques-Henri Lartigue

© Jacques-Henri Lartigue

© Jacques-Henri Lartigue

Grand témoin de l'histoire moderne et de notre passage sur cette terre, le snapshot n'a aucune prétention, aucune ambition, l'innocence est sa quintessence. Souvent lyrique et plein de compassion, l'art du snapshot illustre la fragilité de la vie humaine, l'importance de chaque chose et plus simplement les instants ordinaires du quotidien qui passent ; chaque cliché constituant alors une page de notre journal de vie. Aux yeux de ces photographes tout mérite d'être photographié!

Liberté totale du choix du sujet, banalité des situations, cadrages atypiques, lumière ambiante, flou de bougé, flou de mise au point, superposition accidentelle de prises de vues, tout ces paramètres vont permettre à ces photographes de mettre en lumière ce qu'ils voient spontanément. Surprenant au premier abord par son amateurisme et son aspect "banal" et "simple", ce n'est que progressivement que ce type de photographie laisse transparaître sa dimension subjective et poétique. Ce qui désigne un bon snapshot d'un mauvais snapshopt, c'est la sensibilité, l'ambiance qui va se dégager du cliché. 


© Corinne Day (voir mon article sur elle ici)

© Corinne Day

© Corinne Day

© Corinne Day

© Corinne Day

© Corinne Day

© Corinne Day

© Corinne Day

© Corinne Day

© Corinne Day

© Corinne Day


En parallèle avec la photographie humaniste et sociale (Dorothea Lange, Walker Evans, Diane Airbus, Mary Ellen Mark), le snapshot s'est intéressé aux personnes en marge de la société, aux invisibles, aux indésirables et aux aspects sous-jacents de notre société contemporaine avec la drogue, la violence, le sexe et la consommation de masse.

Contrairement aux photographes "traditionnels" le désir de ces photographes n'est pas de magnifier ce qu'ils photographient, leur volonté est plutôt d'arracher des images à l'espace et au temps et de nous les montrer de manière brute et sans fioriture.


© Larry Clark

© Larry Clark

© Larry Clark

© Larry Clark

© Larry Clark

© Larry Clark

© Martin Parr

© Martin Parr

© Martin Parr

© William Eggleston

© William Eggleston

© William Eggleston

© William Eggleston

© William Eggleston

© William Eggleston

© William Eggleston

© William Eggleston

© William Eggleston


© William Eggleston

© William Eggleston

© William Eggleston

© William Eggleston

© William Eggleston

© William Eggleston

© William Eggleston

© William Eggleston

© William Eggleston

© William Eggleston

© William Eggleston

© William Eggleston

© William Eggleston

© William Eggleston

© William Eggleston

© William Eggleston

© William Eggleston

© Paul Seawright

© Paul Seawright

© Paul Seawright

© Paul Seawright

© Paul Seawright

© Paul Seawright

© Paul Seawright

© Paul Seawright

© Paul Seawright

© Paul Seawright

© Nicolas Guiraud

© Nicolas Guiraud

© Nicolas Guiraud

© Nicolas Guiraud

© Nicolas Guiraud

© Nicolas Guiraud

© Nicolas Guiraud

© Nicolas Guiraud

© Nicolas Guiraud

© Nicolas Guiraud

© Nicolas Guiraud


Vous aimez l'aventure, les grands espaces et la nature sauvage? Vous auriez aimer être hippie dans les années 60? Into the Wild est l'un de vos films préférés, "La Route" de Jack London votre livre de chevet et vous rêvez un jour de vous rendre dans le Nevada pour le Burning Man? Alors les travaux du photographe Ryan McGinley vont vous enchanter!


© Ryan McGinley

© Ryan McGinley

© Ryan McGinley

© Ryan McGinley

© Ryan McGinley

© Ryan McGinley

© Ryan McGinley

© Ryan McGinley

© Ryan McGinley

© Ryan McGinley

© Ryan McGinley

© Ryan McGinley

© Ryan McGinley

© Ryan McGinley

© Ryan McGinley

© Ryan McGinley

© Ryan McGinley

© Ryan McGinley

© Ryan McGinley

© Ryan McGinley

© Ryan McGinley

© Ryan McGinley

© Ryan McGinley

© Ryan McGinley

© Ryan McGinley

© Ryan McGinley

© Ryan McGinley

© Ryan McGinley

© Ryan McGinley

© Ryan McGinley

© Ryan McGinley


Que l'on aime ou pas, le snapshot reste le mouvement artistique qui a démocratisé la photographie en la rendant abordable au grand public qui s'essaya à cette discipline lors de voyages ou d'évènements importants comme les baptême, les communions, les bar mitzvahs, les mariages... L'esprit "grunge" est un dérivé de l'art du snapshot, on pourrait aussi le qualifier de "dirty realism", c'est un terme emprunté à la littérature, mais je trouve que cela colle bien. Il s'est répandu ensuite dans la mode, le milieu musical, la publicité et le photojournalisme. Il marqua aussi profondément le graphisme, influença le cinéma avec des films comme Lost in Translation, Virgin Suicids, Eternal Sunshine of the Spotless Mind, Snatch, Brothers ou encore les films de Takeshi Kitano, Gregg Araki ou Gus Van Sant. On commence à voir l'influence de cet esthétique à la télévision avec des génériques de séries TV comme Californication ou True Blood.

Voilà ce que je pouvais dire sur l'esthétique et l'histoire du snapshot. Je vous ai montré les photographes que j'aime dans ce domaine. Pour les vrais passionnés, il y a beaucoup d'autres grands photographes qui pratiquent ce style, en plus de ce que j'ai partagé plus haut, je peux vous en citer quelques autres : 


- Tom Wood (1951) - Jurgen Teller, (1964)- Terry Richardson, (1965) - Wolfgang Tillmans, (1968) - Richard Billinghams, (1970) - Nan Goldin, (1972) - Hiromix, (1976) - Arnis Balcus (1978) - Miko Lim (1980)


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